Aïkido et Coaching
ANCRAGE et ALIGNEMENT POUR S’ORIENTER SUR LE TATAMI COMME DANS LA VIE
J’ai commencé à pratiquer l’Aïkido en septembre dernier avec comme intention d’intégrer corporellement des principes que, jusqu’alors, j’observais surtout mentalement. Je m’attendais principalement à l’ancrage et l’alignement, des valeurs chères à mes yeux. Intention cent pour cent satisfaite et plus encore ! La voie de l’Aïkido telle qu’on la pratique avec Thomas se rapproche beaucoup de ma vision du coaching. Tellement, que j’ai eu envie de vous en faire profiter !
Bio express :
Thomas Tessier, professeur d’Aikido à Montigny-le-Bretonneux et à Chambourcy.
“J’ai débuté la pratique de l’Aïkido à l’âge de cinq ans. Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, j’ai toujours été sur les tatamis. Je n’ai jamais arrêté, et on peut dire que vers l’âge de 12 ans, c’est devenu une véritable passion. Quelques années plus tard, c’est devenu même une vocation. Ce qui m’a séduit, c’est d’abord la pratique physique intensive, le fait de chercher à se dépasser. Sur le plan mental aussi, j’étais très timide et renfermé sur moi-même ; l’aïkido m’a permis de m’ouvrir, de trouver ma place et d’évoluer en tant qu’homme dans cette société parfois hostile. Lorsque j’ai constaté tout ce que l’Aïkido m’avait apporté, j’ai souhaité élargir mon cercle d’influence et en faire profiter les autres. Selon moi, il est important, à notre époque, de ramener un peu de sérénité et d’amour dans le cœur des Hommes. Aujourd’hui, cela fait presque trente ans que j’ai découvert l’aïkido et je continue d’apprendre chaque jour“
Voici le résumé de nos échanges :
Qu’est-ce que l’Aïkido ?
L’Aïkido est un art martial japonais qui vise à installer la paix en soi-même et, par rayonnement, avec les autres. Ça commence par soi. Une fois que l’on a trouvé la paix, on la rayonne autour de soi et personne ne cherche plus alors à attaquer.
C’est la voie de l’unification des énergies permettant de rassembler tous les Hommes, sans exception, et la Nature comme une seule et grande famille.
Quelles-sont ces énergies ?
Dans les arts martiaux, on parle de Ki, l’ énergie vitale créatrice de tout. Nous recherchons à combiner en nous même l’énergie de la Terre et l’énergie du Ciel.
Bien évidemment nous cherchons également à mettre ensemble notre énergie et celle du partenaire. De ces deux dimensions, verticale et horizontale, jailli le cercle, figure utilisée dans notre pratique pour réaliser les différents mouvements.
Le kanji japonais Aïkido peut être traduit par “la voie d’harmoniser les énergies”
Ai = harmonie Ki = énergie Do = voie
Peut-on dire également que c’est une Voie de l’unification ?
Oui tout à fait, d’ailleurs le maître fondateur Morihei Ueshiba parle de s’ajuster à l’ordre cosmique, ne faire qu’un avec l’univers. Il s’agit de comprendre son environnement et de s’y adapter plutôt que de le combattre. Trouver sa place.
C’est l’art de l’Amour au sens du respect de tout ce qui est vivant sur cette Terre.
Quels parallèles peut-on faire avec le coaching ou le développement personnel ?
Bien souvent réduit à l’état de self défense, l’Aïkido propose en réalité un voyage intérieur à celui qui le pratique, entrainant une prise de conscience de ce qui doit être modifié à une échelle personnelle, pour vivre sa vie de la façon la plus paisible et joyeuse possible.
Tu peux préciser ?
En réalité, comme tout art martial, il faut une vie entière pour en comprendre et en ressentir toutes les subtilités. C’est une voie dont on ne fait jamais réellement tout à fait le tour. L’Aïkido est un apprentissage essentiellement corporel. Si on aborde la pratique de manière intellectuelle, ou en cherchant des réponses dans les livres, l’enseignement ne peut réellement vous atteindre. La transmission se fait du corps vers l’esprit, et entre le professeur et l’élève “in shin den shin” : “de mon âme à ton âme”.
C’est par la transpiration que tout commence. Ainsi, à force de travailler les mouvements souples, le corps se détend et, petit à petit, l’esprit aussi. L’Être humain, dans sa globalité, devient alors non violent.
Au cours de ma pratique, j’ai pu remarquer que l’Aïkido oblige le pratiquant à être dans l’instant présent, sous peine de se faire mal. Cette présence consciente peut-être transposable dans la vie quotidienne et amène une sensation de paix intérieur, une sérénité dans l’action que l’on est en train d’accomplir. Qu’en penses-tu ?
Oui, en effet !
Si nous ne sommes pas vigilant et attentif à ce qui se passe autour de nous le danger peut survenir rapidement. Il faut être continuellement à l’écoute de ce qui se passe autour de nous pour faire le choix de laisser entrer l’autre à l’intérieur de notre sphère privé ou, au contraire, le maintenir à bonne distance.
Bien évidemment, si cette attention est consciente, elle devient énergivore et pourrait même mener à une certaine forme de paranoïa ! Il s’agit en réalité d’une conscience instinctive du corps.
On peut également expérimenter le sentiment d’être relié aux autres. Quand on monte sur le tatami, on oublie tous instantanément nos soucis ; un peu comme si nous étions chacun reliés aux autres dans la même intention.
Le tatami devient en quelque sorte l’endroit où l’on expérimente la connexion à l’autre. Il est important ensuite de transposer tout cela dans la “vraie” vie. “L’aïkido commence lorsque vous quittez les tatamis” disait le maître.
Il est aussi important, comme dans chaque nouvel apprentissage, de faire table rase du passé…
Lorsque que l’on entre dans un dojo, lieu où l’on pratique les arts martiaux, la première chose est de couper avec les tracas du quotidien, se libérer de toutes les tensions accumulées au dehors et ainsi faire le vide en soi-même. Le Maître fondateur Morihei Ueshiba s’exprimait en ces termes “il vous faut vider votre tasse pleine de café afin que je puisse y verser mon thé”.
Il en va de même dans le coaching où l’on désapprend avant d’apprendre. Pour apprendre de nouvelles notions, il faut également faire place nette, accepter de tourner la page.
Le paradoxe de la société actuelle est que de plus en plus de personnes recherchent une certaine forme de liberté, alors qu’ils passent la plupart de leur temps à accumuler tout un tas de choses dans le domaine matériel et intellectuel qui, au bout du compte, les emprisonnent.
Peut-on dire dès lors que, dans l’Aïkido, on pratique l’art du détachement ?
Oui ! C’est l’art du non faire, l’art du dépouillement en soi-même. A un niveau élevé de pratique et de connaissance technique, on bascule dans la déconstruction de ce que l’on sait. La pratique devient alors plus personnelle et le geste instinctif. Moins vous connaissez de mouvements, et plus le geste sera spontané, à condition qu’il ait été répété un certain nombre de fois.
Mais il nous faut, en premier lieu, nous libérer de ces chaines qui nous empêchent de respirer convenablement, et de nous exprimer tel que nous le souhaiterions au plus profond de nous.
Lâcher également le besoin de comprendre et avoir confiance en l’autre qui n’est en fait pas un adversaire mais notre reflet dans le miroir, un partenaire. L’autre c’est moi, si je le blesse ou porte un jugement de valeur, c’est nous deux que je condamne.
Quelle est la philosophie de l’aïkido ?
Lorsque l’on pose un regard extérieur sur l’Aïkido, ce que l’on observe c’est une personne qui attaque et une autre qui se défend. Une personne qui “tombe” et une autre qui reste debout. La facilité intellectuelle serait alors de se dire que l’objectif de l’Aïkido est de faire tomber l’autre. La vérité est tout autre. La pratique de l’Aïkido vous apprend à rester debout au sens de parvenir à gérer l’adversité.
En coaching, nous parlons de quotient d’adversité ; c’est-à-dire l’art ou la capacité qu’a un individu de transformer les obstacles en opportunités. Ça ne signifie pas être optimiste à tout prix mais être capable d’utiliser l’obstacle comme levier d’évolution. Un peu comme on utilise la force que l’adversaire exerce contre nous en Aikido.
“L’échec est le fondement de la réussite.”
Lao Tseu
Cette adversité peut être matérialisée physiquement par un “adversaire” comme elle peut être plus sournoise et se traduire par une agression verbale ou une situation du quotidien telle que le décès d’un être cher, un divorce ou au sens large une perte de nos illusions.
La condition humaine veut que l’on tombe chaque jour. Un jour nous rions, un jour nous pleurons. Un jour nous gagnons, un jour nous perdons.
Qu’est-ce qui dépend de moi ? Si ça ne dépend pas de moi, je ne peux rien y faire, alors pourquoi se rendre plus malheureux ? C’est dans l’équilibre des choses et l’un ne va jamais sans l’autre. Le problème n’est jamais de tomber tant que l’on parvient à prendre, dans la descente, l’énergie nécessaire pour se relever, avec le moindre effort.
S’il y a effort, il y a usure et dans le temps cela ne peut tenir. La chute d’aïkido n’en est pas une au sens où il n’y a pas de stagnation physique et émotionnelle dans la descente. A peine nous chutons que nous sommes déjà relevés.
Je ferais ici le parallèle avec un des critères primordial pour définir un objectif qui est : « est-ce que cela dépend de toi ? ». Si l’atteinte de l’objectif que l’on s’est fixé ne dépend pas de nous, alors aucun intérêt d’y aller ! Cela nécessiterait des efforts pour atteindre un but presque illusoire et à terme effectivement amener l’usure puis l’abandon. Un objectif peut aussi dépendre en partie de nous. Alors nous poserons des actions uniquement sur cette partie tout en étant toujours conscient que le résultat final ne dépendra pas totalement de nous…et arriver à s’en détacher.
Pour faire le rapprochement, on peut dire que l’Aïkido muscle la capacité d’acceptation !
Il est fréquent de faire l’expérience de désagréments au quotidien. Le pratiquant d’Aïkido va alors laisser passer cette situation et l’accepter plutôt que de chercher à s’y opposer, ce qui ne serait que pure perte de temps et d’énergie.
Tout comme la première phase de la transition, qui commence par une fin… Cette dernière doit être acceptée, s’y opposer est également une perte de temps et ne fait que retarder le passage à l’étape suivante, le bilan.
Dans l’Aïkido, il n’y a pas de combat, seulement une énergie à rediriger dans une direction où elle pourra d’elle-même se disperser sans détruire ou blesser qui que ce soit. L’aïkidoka n’exerce aucune action qui entrainerait une surenchère de violence. Il comprend avec son corps que lorsqu’on lutte contre quelque chose on renforce cette chose en question. Plutôt que de s’opposer, il y verra une formidable opportunité d’évoluer.
De ce point de vue-là, l’Aïkido prend à revers tous les préjugés actuels visant à combattre le mal par le mal. Lorsque vous sentez qu’à l’endroit où vous vous trouvez vous êtes inconfortable, déplacez-vous. N’attendez pas, prenez l’initiative. Qui veut la paix prépare la paix.
La notion de responsabilité par rapport à ses actes me paraît très importante dans l’Aïkido comme dans la vie. Pour être en mesure de modifier notre trajectoire, changer d’endroit, il est primordial que le choix parte de nous. Si on laisse l’autre prendre l’initiative pour nous, on est dépendant de lui, laissé à son bon vouloir…
Nous voilà maintenant au passage à l’action. Après avoir accepté une situation, fait le tri en se débarrassant de ce qui nous tire en arrière nous avons acquis un ancrage puissant et une confiance forte provenant de la connaissance que nous avons de nous-même et des gestes que nous avons acquis. Cela nous donne la capacité de nous redresser et d’enclencher l’action en parfait alignement.
“Le mouvement d’aïkido ne se fait pas dans la durée, il se fait dans l’instant.”
Maître André Nocquet
Pour que la magie opère, il faut que l’esquive soit réalisée dans le bon timing, et que dans le geste, tout soit intégré.
La posture, les épaules à la verticale des hanches. Le regard, porté au loin. Le relâchement, pour se libérer des tensions. La respiration calme pour gérer au mieux ses émotions. Et une intention pacifique. Lorsque tout est aligné alors les rapports de force s’inversent, en dépit de votre âge et de votre puissance musculaire. Seule l’expérience et l’appropriation intérieure du geste compte. C’est le geste instinctif déconnecté de toute réflexion intellectuelle.
Et pour que cet ancrage soit solide, l’humilité et la gratitude n’est-elle pas indispensable ?
Maître André Nocquet, pionnier de l’Aïkido en France et en Europe, disait “pour atteindre les sommets, baissez-vous”.
Pour s’ancrer, il vous faut tout d’abord planter vos racines profondément dans le sol. Laisser l’énergie tellurique alimenter votre océan d’énergie cachée dans votre ventre « hara », zone située sous votre nombril. Plus vos racines seront profondes et plus vous pourrez vous élever sur le plan vertical. Les grands arbres ont toujours de profondes racines. Plus vous aurez fait l’expérience de la matière, donc de la Terre sur le plan horizontal plus vous aurez une compréhension avisée du plan spirituel vertical.
Une fois connecté à la Terre, sentez l’énergie du ciel descendre via le sommet de votre crâne dans votre hara. Ainsi les énergies de Terre, mère, et Ciel, père, se retrouvent et s’unissent en vous pour accoucher d’une source d’énergie intarissable et qui vous permettra de vous réaliser totalement.
Cette énergie, que l’on appelle « Ki » au japon, « chi » en Chine ou prana pour hindouistes, il convient ensuite de la faire circuler comme l’eau de la rivière et non de la laisser reposer telle l’eau de la mare qui stagne et croupi. Faites circuler cette énergie dans tout votre corps, maintenez-là en mouvement et permettez-lui de s’échapper par la paume de vos mains. Ouvrez-vous, les bras en position “tekatana”, bras sabres. Ne la gardez pas pour vous seuls. Projetez-là vers l’extérieur et vers les autres pour créer des liens solides. Enfin lorsque vous serez prêts à changer de direction dans votre vie, prenez le temps de rassembler cette énergie. Ne vous dispersez pas, prenez le temps nécessaire. Restez toujours maître de votre état intérieur. Et dès que vous sentirez en vous-même que ce nouveau chemin vous convient alors remettez-vous en mouvement. Sentez-vous toujours libre de bouger ; le corps et l’esprit en parfait accord.
Le mouvement est maintenant enclenché dans une direction que l’on a choisi délibérément, ancré et aligné, avec nos propres valeurs.
S’ancrer profondément et savoir rester humble, plier les genoux quand il le faut ; rester toujours conscient et dans l’instant présent car c’est là que tout se joue.
Sur le Tatami comme dans la vie, vous aurez à vous préparer, travailler vos gestes, vos compétences et bien vous connaitre, jusqu’à créer un ancrage solide, et une connaissance inconsciente de ce que vous devez faire, qui élimine tous gestes parasites.
Une fois que vous serez dans votre flow, vous danserez avec le mouvement comme on danse la vie : ce qui ne dépend pas de vous, laissez-le passer en synchronisant votre respiration tel un souffle sacré.
Apprenez à esquiver ce qui ne vous sert pas et à vous servir de l’obstacle pour rebondir.
Cet alignement vous donnera la confiance pour avancer avec grâce et félicité, et pourquoi pas même, sourire face à l’adversité.
Mais c’est dans l’instant présent que vous créerez et seulement là !
Le passé n’existe plus et, le futur, vous le construisez ici et maintenant, en conscience.
Alors, en chemin vers votre objectif, gardez les yeux grands ouverts et vivez !
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